Pendant combien de temps encore des sociétés vont arguer le manque de travail et exploiter la main d’œuvre sans une juste contrepartie ? A la société SORETRAP, les employés sont livrés à des abus et privations, avec la complicité du cabinet Tognon consulting censée gérer les ressources humaines. Même Ies recommandations faites par l’inspection du travail sont ignorées comme si les responsables de ces structures étaient au-dessus des lois sociales.
Que prévoient le ministère de la Fonction publique, du travail et des lois sociales, et l’inspection du travail lorsque des sociétés foulent aux pieds les recommandations à elles faites par les inspecteurs à l’issue de règlements de crises aux sein desdites sociétés ?
Le 15 juillet 2021, suite aux revendications des employés de la société SORETRAP, l’inspection du travail et des lois sociales de Lomé Est 2 a produit un procès-verbal n°085 relatif à la séance de discussions relative à l’évaluation de la mise en œuvre des préoccupations des travailleurs. Voici quelques points y relatifs.
« Le chef service de l’inspection du travail de Lomé Est 2 ayant constaté que la direction générale de SORETRAP n’a pas pris des mesures suffisantes et nécessaire pour mettre en œuvre les préoccupations légitimes de ses travailleurs, a fait des recommandations suivantes sans délai ou assorties de délai selon les cas :
1- Tous les employés de la société SORETRAP doivent être déclarés sans délai à la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
2- S’agissant de l’installation du comité sécurité et santé au travail, l’inspection du travail exige la liste des membres dans les deux semaines, soit au plus tard le 20 juillet 2021 afin de prendre des dispositions nécessaires pour son installation.
3- En ce qui concerne l’implantation de l’infirmerie, l’inspection du travail demande à l’employeur de se conformer dans un délai de trois mois à l’arrêté n°004/2011/MTESS/MS portant création des services de sécurité et santé au travail.
4- Les visites médicales doivent être effectuées au plus tard fin septembre 2021.
5- L’employeur a l’obligation de faire bénéficier sans délai, des avancements automatiques aux travailleurs selon la convention collective de la zone franche.
6- Pour les deux autres préoccupations, notamment les soins médicaux et les hospitalisations et la rénovation des toilettes, les discussions franches doivent être immédiatement initiées par la direction générale de SORETRAP en vue de leur mise en œuvre effective au plus tard fin décembre 2021… ».
Plus de trois ans après, les recommandations sont demeurées inappliquées. Autrement, les employés, à travers leurs délégués, auraient fait économie du courrier adressé au Directeur général de SORETRAP. C’était le 4 novembre 2024. Ils se disent déçus et décident de manifester leur désarroi, passées les 72 heures (6, 7 et 8 novembre 2024) « si les solutions concrètes ne sont pas trouvées à leurs revendications ».
Que reprochent les employés à SORETRAP ? « …L’ensemble des travailleurs se disent déçus des discussions à l’inspection du travail, notamment sur le prélèvement des cotisations sociales sur leurs salaires (CNSS, AMU) et ne reçoivent pas les cartes jusqu’alors ; pire, le cas des travailleurs qui ne sont pas immatriculés à la CNSS se voient prélever sur leurs salaires ; les prises en charge des accidents ne sont pas effectives. Le décès des camarades dont les frais funéraires et les droits ne sont plus versés ; particulièrement le camarade décédé récemment à qui on prélevait les cotisations sociales ; non seulement il ne pouvait jouir des prestations de l’AMU, il s’est vu refuser un prêt de la direction et décéda. Le cas des travailleurs qui ont atteint la limite d’âge pour l’admission à la retraite et que la société continue de garder en fonction ».
Du point de vu sécurité santé, il y a aussi problème : « Les conditions d’hygiène, de sécurité et santé au travail exécrables, notamment les toilettes délabrées, un seul robinet d’eau pour les plus de 400 travailleurs. Le cas du fallacieux chômage technique récent créé dont ils continuent de subir les conséquences ; ainsi, ils demandent la restitution des sommes déduites ; ils demandent aussi l’organisation des élections des délégués du personnel dont le mandat a expiré il y a déjà quelques années ».
Le cabinet Tognon consulting, une plaie à panser
De plus en plus de sociétés se réfèrent à des cabinets de recrutement. Lesquels répondent de moins en moins aux exigences du monde du travail. A l’instar de Tognon consulting dont un des responsables a tenté de nous dribbler. Lorsque nous l’avons joint pour savoir si le courrier dans lequel il est reproché certaines situations à la société SORETRAP dont le cabinet est le gestionnaire des ressources humaines, est authentique ou si c’est une affabulation, il nous a dit qu’il nous reviendrait.
Mais plus tard, le responsable nous demande de contacter la société elle-même. « Je ne suis pas la personne indiquée, en plus appelez les travailleurs pour être sûr ; il faut toujours aller à la source des informations », nous a-t-on répondu.
Seulement, nous apprendrons peu de temps après que l’auteur de ces réponses a pris langue avec des travailleurs pour savoir qui parmi eux, a contacté un journaliste…
Des Etrangers qui opèrent sur le territoire national n’a rien d’anormal. A priori. Mais si au sein des sociétés créées par des expatriés, des situations de violations de droits, de non versement des cotisations sociales et de déni des droits élémentaires tant humains que sociaux doivent prospérer, il urge que les instances comme la CNSS et l’inspection du travail se saisissent de ces cas pour rétablir les employés dans leurs droits. Avant que des mouvements d’humeurs ne secouent de nouveau le pays.
Godson K.
Source : Liberté