Le 10 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) a tiré la sonnette d’alarme sur l’état préoccupant de l’économie togolaise. Dans sa déclaration liminaire, le mouvement a dénoncé une gestion économique qu’il qualifie de calamiteuse, mettant en exergue l’augmentation vertigineuse de la dette publique et ses répercussions sur les secteurs essentiels tels que l’éducation et la santé.
Selon les données de la Banque mondiale et du FMI, la dette publique du Togo est passée de 66,4 % du PIB en 2023 à plus de 80 % en 2024. Cette progression alarmante, alimentée par des prêts extérieurs contractés à des taux élevés, réduit la marge de manœuvre budgétaire du pays. « Les Togolais travaillent désormais pour rembourser des dettes négociées dans une opacité totale », a martelé un représentant de la DMP.
Le mouvement dénonce également l’absence de transparence dans les négociations et l’utilisation de ces emprunts, ce qui alimente les soupçons de corruption et renforce la dépendance du pays vis-à-vis de créanciers internationaux. Ces derniers imposent des politiques restrictives qui, selon la DMP, compromettent la souveraineté économique nationale et hypothèquent l’avenir des générations futures.
En 2024, les dépenses en santé représentent environ 1 580 francs CFA par habitant, un montant largement inférieur au minimum recommandé par l’OMS, fixé à 51 600 francs CFA par an pour garantir des services de santé essentiels. « Ce ratio illustre l’échec des efforts du gouvernement pour offrir une couverture sanitaire universelle digne de ce nom », a déploré la DMP.
Les projets de réhabilitation des infrastructures de santé progressent lentement, et l’assurance maladie universelle demeure un « mirage », selon le mouvement. Pendant que les pays voisins construisent des infrastructures modernes, le gouvernement togolais se contente, selon la DMP, de multiplier les cérémonies de pose de premières pierres.
Le secteur éducatif n’est pas mieux loti. Avec une dépense de 63 667 francs CFA par élève et étudiant en 2024, le Togo reste loin derrière les pays à faible revenu, qui investissent jusqu’à 300 000 francs CFA par élève. Cette insuffisance budgétaire se traduit par un manque de salles de classe, de matériel pédagogique, et des universités sous-financées, rendant quasi inexistantes la recherche et l’innovation.
La DMP a tenu à rendre hommage aux écoliers décédés le 27 septembre 2023 à l’école primaire publique de N’Gobo, suite à l’effondrement du mur de leur salle de classe, un drame qu’elle impute au sous-investissement chronique dans les infrastructures scolaires.
La déclaration de la DMP s’est également penchée sur les conséquences sociales de cette mauvaise gestion économique. Selon des sondages réalisés en juin 2024, 78 % des Togolais vivent dans la pauvreté, dont 37 % dans une pauvreté extrême. « Les besoins essentiels comme la nourriture, l’eau potable et les soins de santé sont devenus inaccessibles pour une grande partie de la population », a affirmé le mouvement.
Face à cette situation préoccupante, la DMP appelle à une prise de conscience nationale et à des actions concrètes pour redresser l’économie et améliorer les conditions de vie des Togolais. Elle invite le gouvernement à faire preuve de transparence dans la gestion des fonds publics et à prioriser les secteurs essentiels pour garantir un avenir meilleur au peuple togolais.
Pour la DMP, l’heure est grave, mais des solutions existent. Encore faut-il une volonté politique réelle pour les mettre en œuvre