La CDPA publie un communiqué cinglant après le discours de Faure Gnassingbé. Elle y dénonce une démocratie de façade, une paupérisation massive et un régime « centralisé et autoritaire ». Elle appelle à la libération des prisonniers politiques et à une refonte complète des institutions, exhortant le peuple à se lever.
COMMUNIQUÉ DE LA CDPA
Discours sur l’état de la nation en trompe-l’œil :
quand la mise en scène remplace la démocratie
La CDPA a écouté avec lucidité le discours de monsieur Faure GNASSINGBE devant les députés. Derrière les formules bien tournées et la rhétorique de réforme, se dissimule une tout autre réalité : le Togo s’enlise dans une crise institutionnelle dissimulée par des artifices langagiers, sur fond de paupérisation massive et de régression démocratique assumée.
La CDPA a noté que ce discours proclame l’avènement de la 5[e] République comme un tournant historique. Mais ce tournant, loin d’être démocratique, est le fruit d’une révision constitutionnelle imposée sans référendum populaire. C’est donc un maquillage institutionnel au service d’un pouvoir verrouillé. L’Assemblée nationale reste l’apanage d’une seule famille politique, les contre-pouvoirs sont muselés, et le processus de refondation s’est fait sans la participation du peuple. La démocratie revendiquée n’est qu’une façade d’un régime centralisé, autoritaire, et farouchement fermé à la moindre idée d’alternance.
Monsieur Faure GNASSINGBÉ a évoqué l’équité, la justice sociale, la proximité. Mais comment parler d’équité quand sept Togolais sur dix vivent sous le seuil de pauvreté ? Quand les inégalités d’accès à l’eau, à l’énergie, à la santé ou à l’éducation entre Lomé et les zones rurales atteignent des sommets ? Aucun chiffre, aucun objectif, aucun plan concret n’a été annoncé pour inverser la tendance. Pire, le projet de loi de finances 2026, examiné dans une précipitation organisée, consacre l’essentiel des ressources à la dette et aux frais de fonctionnement, au détriment des investissements sociaux. Le peuple togolais n’a plus besoin de discours : il attend des actes.
Le discours se félicite du rôle du Togo comme médiateur régional et promoteur du panafricanisme. Mais quelle crédibilité accorder à un État silencieux face aux coups d’État constitutionnels ? À un régime qui réprime l’opposition chez lui, mais appelle au dialogue ailleurs ? À un gouvernement qui chute dans tous les classements mondiaux de gouvernance, de transparence et de liberté de la presse ? Le respect des droits humains à l’intérieur est le premier fondement de toute légitimité internationale. Le régime l’a manifestement oublié.
Le discours aligne des slogans économiques, mais les engagements budgétaires restent flous. La dette publique atteint 68 % du PIB, contractée au nom des Togolais, sans débat public, avec des emprunts à court terme qui hypothèquent l’avenir. Le secteur privé est étouffé par la corruption, l’arbitraire administratif, et une confiance absente. Sans justice fiscale, sans lutte réelle contre la prédation, sans accès équitable au crédit : il n’y aura pas de transformation, seulement la reproduction d’un système inégalitaire.
L’annonce de grâces présidentielles pourrait être saluée. Mais le silence assourdissant sur les prisonniers politiques interroge. Journalistes emprisonnés, syndicalistes réprimés, lanceurs d’alertes arbitrairement arrêtés ; mais aucune loi d’amnistie générale n’est proposée. On ne construit pas la paix en enfermant les voix dissidentes ; de même, on ne parle pas de justice quand on pratique la répression à tout vent.
Le Togo n’a pas besoin de discours rédigés par des plumes talentueuses. Il a besoin de rupture. De courage. De démocratie réelle. Le peuple n’est pas dupe : il voit, il vit, il souffre et il réclame non des hommages à ceux qui gouvernent, mais des comptes rendus à ceux qui subissent. Il exige qu’on ouvre les vannes d’une démocratie vivante, participative, équitable.
La CDPA appelle solennellement à :
· la libération immédiate de tous les prisonniers politiques ;
· la relecture urgente de la loi de finances 2026 pour en faire un outil de justice sociale ;
· la retraite politique des tenants d’un régime en place depuis plus de soixante ans ;
· la refondation constitutionnelle participative, menée avec le peuple et non contre lui.
Peuple togolais, lève-toi : la démocratie l’exige.
Lomé, le 3 décembre 2025
LE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA CDPA












