Dans une lettre ouverte empreinte d’émotion et d’espoir, adressée au Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, et au Président du Conseil des ministres, le jeune détenu Missodé Koffi René, au nom de ses codétenus de la prison civile de Lomé, implore un geste d’apaisement et de réconciliation nationale. Il appelle à une liberté provisoire ou à une grâce présidentielle pour les dizaines de jeunes incarcérés depuis plusieurs mois à la suite des manifestations survenues entre juin et octobre 2025, dans des conditions de détention jugées inhumaines.
Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé Président du Conseil des Ministres et du monsieur le Président de la république
**Objet : Appel à une liberté provisoire et à un geste d’apaisement pour les jeunes détenus à la prison civile de Lomé**
Excellence Monsieur le Président de la République,Monsieur le Président du Conseil des Ministres,Je m’adresse à vous humblement, non pas seulement en mon nom, mais au nom de tous les jeunes hommes et femmes arrêtés entre les mois de juin et octobre 2025, à la suite des manifestations qui ont secoué notre pays.
Le 27 novembre 2025, cela fera six mois que j’ai été kidnappé de chez moi. Le 9 novembre 2025, cela fera cinq mois que j’ai été placé sous mandat de dépôt. D’autres jeunes, arrêtés avant ou après moi, ont déjà passé près de six mois de détention sans jugement, simplement pour avoir exprimé une opinion ou participé à une action citoyenne.
Aujourd’hui, nous sommes plus de 49 jeunes détenus dans des conditions extrêmement difficiles à la prison civile de Lomé, où plus de 4000 personnes s’entassent dans un espace prévu pour 600 à 1000 détenus. Cette surpopulation, jointe à la précarité sanitaire et à la souffrance morale, crée une situation inhumaine et indigne de notre chère patrie.
Monsieur le Président,Je ne viens pas vers vous comme un simple détenu, mais comme la voix d’une jeunesse togolaise en détresse, comme le reflet d’un avenir brisé depuis plusieurs mois, et comme le cri du cœur de nombreuses familles détruites. Je suis aussi la voix des mères en larmes, des épouses épuisées, et des enfants qui attendent désespérément le retour de leur père.
Nous avons pour la plupart déjà été entendus par le juge d’instruction, et beaucoup d’entre nous attendent encore une suite judiciaire. C’est pourquoi, en toute humilité, je vous adresse cette demande solennelle : **D’accorder une liberté provisoire aux jeunes arrêtés, dans un esprit d’apaisement et de réconciliation nationale.**
Cette mesure, Excellence, serait un geste fort :pour raviver le cœur des familles et redonner de l’espoir ;pour sauver nos entreprises, nos emplois et nos projets de vie bâtis avec tant d’efforts ;pour désengorger la prison civile de Lomé, aujourd’hui surpeuplée ;et surtout, pour réconcilier la jeunesse togolaise avec la République, en rappelant que la liberté d’opinion, lorsqu’elle s’exprime dans le respect, reste un pilier essentiel de toute démocratie.Mieux encore, une grâce présidentielle serait un acte d’une portée symbolique immense — un message d’amour, de paix et de confiance envers cette jeunesse togolaise qui ne demande qu’à participer positivement à l’édification de notre pays.
Voici, Excellence, les noms de quelques-uns de ces jeunes détenus parmi tant d’autres :Amegadje Kossivi – Missode Koffi René – Aziakor Kokou Alfred – Amevor Komi Blaise – Aziakou Komi Blaise – Timalagou N’tiega – Azi Mensan Godfree – Salla Ekoe Djinefa – Amagbegno Kodjo – Toko Kofi – Tengue Kossi Agbessi – Adjakoto Kossi Yves – Hounkpati Elom E. – Amati Ayao Dodji – Avorgno Yawo – Daglo-Agbodo Djidjole Koffi – Dakpo Komlan – Ayegbemi Assogba A. – Ataglo Kodjo – Agbagno Ossei – Agbleze Kodjo Armand – Djokoto Kodjo – Atitso Kodjo Abel – Lito Arioh Akewone – Konu Nukunu Komlan – Djoke Kokou Mensan – Abdou Zoulkaneini – Koleguin Koffivi David B. – Kloti Kossi – Kouwonou Kodjo Davis – Doubgedji Dora – Apevòn — – Rouyar Steeve – Zodji Mario – Folly Satchivi – et biend’autres encore.
Monsieur le Président,Nous ne vous lançons aucun ultimatum.Nous venons à vous avec humilité, respect et confiance, pour implorer votre sens de la justice et votre compassion.Accordez-nous cette liberté provisoire — ou une grâce présidentielle — avant le 5 novembre 2025, afin de soulager les familles, sauver des vies, et redonner à la jeunesse togolaise la foi en un avenir de paix et de dignité.Recevez, Excellence, l’expression de mon profond respect et de ma loyale considération.
Fait à la prison civile de Lomé, le 30 octobre 2025MISSODE KOFFI RENÉ
Au nom des jeunes détenus de la prison civile de Lomé
 
			 
			









 
                

