Pierre S. ADJÉTÉ
Trente années plus tard, personne n’a retrouvé les traces de vie ou de mort de David Ahlonko Bruce. Malheureusement, c’est aussi ça le Togo des enlèvements politiques et du kidnapping des citoyens. C’est cette brutalité qui fait la particularité du Togo politique depuis trop longtemps.
Au sortir de la Conférence Nationale Souveraine, le pays venait pourtant d’adopter une nouvelle Constitution qui proclamait, en son article 13, que : « L’État a l’obligation de garantir l’intégrité physique et mentale, la vie et la sécurité de toute personne vivant sur le territoire national. Nul ne peut être arbitrairement privé ni de sa liberté ni de sa vie. »
Les témoignages des deux créatures juvéniles qui se trouvaient dans le véhicule que conduisait David Bruce, et qui devrait déposer ces enfants mineures à l’école avant que l’intéressé ne regagne son travail au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération ont permis de préciser, formellement, les faits choquants ainsi que le déroulé traumatisant du kidnapping de leur « Papa ». David Bruce, trente années plus tard ne sera plus jamais retrouvé.
L’histoire du monde regorge de ces jours traumatisants où divers événements notables se produisent : le mardi 6 septembre 1994 compte parmi ces journées particulières. Évidemment que la guerre en Bosnie offrait sa tragédie et ses horreurs au monde entier. Mais aussi, c’est ce jour-là que près de 900 personnes disparaissaient dans le naufrage d’un ferry estonien en mer baltique.
Sur terre, dans un obscur et incertain Togo politique, la famille de David Ahlonko Bruce entrait dans un cauchemar sans fin ni paix. Même si les Angolais de l’Unita et du MPLA gouvernemental signaient quant à eux, ce même jour, un accord d’apaisement qui n’avait pas duré d’ailleurs, la famille Bruce n’a jamais eu la moindre consolation. Encore que la paix soit revenue plus tard, un autre jour symbolique de 22 février 2002 en Angola, et définitivement…
Au Togo, David Bruce est resté introuvable, et il demeure le symbole impérissable des disparitions insoutenables qui font le drame togolais dont les cicatrices béantes et les autres marques sont restées quasiment éternelles et cumulatives.
De la CVJR (Commission Vérité, Justice et Réconciliation) au HCRRUN (Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale), en réalité le Togo reste « figé dans un régime répressif » perpétuel et insincère qui ne sait pas s’ouvrir autrement qu’à travers des astuces, des légèretés, des biais méthodiques et des procédés superficiels… Jusqu’à quand?
« Faire NATION au Togo » exige davantage, et c’est sans équivoque ni ambiguïté désormais : 1. AMNISTIE générale; 2. LIBÉRATION des prisonniers d’opinion : 3. ASSISES générales Intégrales de la République (AGIR) pour établir un Consensus National véritablement réparateur des citoyens, individus et familles, autant que toutes les institutions ouvertes au retour à la République et favorables au Grand Pardon.
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•13 septembre 2024•