Au Togo, une grande partie des infrastructures publiques se dégrade faute d’entretien, ou n’atteint jamais les standards requis pour assurer un service public efficace. Nombre d’administrations fonctionnent encore dans des locaux loués, souvent inadaptés, faute de bâtiments construits ou réceptionnés dans de bonnes conditions. Lorsque des projets de construction voient enfin le jour, la mauvaise exécution des travaux est récurrente : ouvrages non conformes, chantiers abandonnés, bâtiments achevés mais inexploitables.
Le cas de la préfecture de Kpendjal-Ouest, à Naki-Est, en est une nouvelle illustration.
Plus de deux ans après la fin officielle des travaux, le bâtiment devant accueillir les services préfectoraux de Kpendjal-Ouest demeure inhabité. Et pourtant, les locaux actuels de cette préfecture — créée il y a près de dix ans — sont loin d’être adaptés : deux petits bâtiments isolés, de deux pièces chacun, sans clôture, sans commodités, et incapables d’accueillir dignement un service administratif.
Selon des sources concordantes, la nouvelle préfecture, pourtant entièrement construite, est inutilisable en l’état. La structure présenterait de graves défauts techniques, notamment une toiture incapable de retenir l’eau lors des pluies. Les infiltrations ont déjà dégradé les bureaux, rendant le bâtiment impropre à l’usage.
C’est dans ce contexte que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), via son bureau de Dapaong, a lancé un nouvel appel à devis le 4 novembre dernier dans le cadre du projet CSSM. L’avis porte sur la rénovation du bâtiment principal, la construction d’une clôture avec guérite et l’aménagement d’un parking, afin de soutenir les efforts de modernisation des services administratifs locaux.
L’annonce suscite des interrogations légitimes : pourquoi rénover un bâtiment “neuf” jamais occupé ?
D’après nos recoupements, l’édifice présente tellement d’anomalies qu’il nécessite une réhabilitation complète avant toute prise de fonction. Pourtant, l’ouvrage avait coûté au contribuable 98 497 845 FCFA, financé sur le budget de l’État, gestion 2019.
En 2019, le gouvernement avait lancé un vaste « Projet de construction des préfectures de Kpendjal, Kpendjal-Ouest et Oti-Sud, y compris contrôle », pour un coût total de 460,689 millions de FCFA.
Six ans plus tard, seule la préfecture de l’Oti-Sud est effectivement occupée.
À Mandouri comme à Naki-Est, les édifices construits restent à l’abandon, devenant la demeure de chauves-souris, d’animaux domestiques et de la végétation.
La mauvaise qualité des ouvrages publics au Togo, sous le régime de Faure Gnassingbé, s’installe comme une véritable gangrène. Les chantiers inachevés, les bâtiments inutilisables, les dépenses publiques gaspillées et l’absence de reddition de comptes s’accumulent année après année. Et visiblement, personne ne semble en répondre.
François Bangane
Source: lalternative.info















