« Dérives et abus dans l’utilisation des plateformes numériques (médias ou réseaux sociaux) et leurs conséquences sur le plan pénal», c’est la préoccupation du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lomé Talaka Mawama vendredi 3 octobre 2025 dans le plus grand hôtel du Togo lors d’un point de presse.
Pour lui «dans le contexte social de notre pays, il est regrettable de constater depuis quelque temps, l’utilisation à outrance des réseaux sociaux à des fins non orthodoxes. Nous n’en voulons pour preuve que la diffusion de nombreux contenus se rapportant à des faits que l’on ne prend pas soin de vérifier avant leur publication, des cas d’appels à la haine ethnique, religieuse et autres, des incitations à la violence et des atteintes à la sécurité de l’État et la vie privée. De même, des pratiques malsaines qui heurtent la morale et les bonnes meurs sont diffusées régulièrement et relayées sans limite.
Ces agissements constituent autant d’abus et de dérives qu’il convient de dénoncer et de sanctionner» a-t-il déclaré.
«Face à cette situation déplorable, le principal objectif poursuivi au travers de la rencontre de ce jour, est d’en appeler à la conscience des utilisateurs des différentes plateformes et, en même temps de rappeler à la loi et par voie de conséquence, à l’ordre. Aussi est-il est impérieux de distinguer la liberté d’expression, garantie à tous, de l’attaque gratuite, de l’injure ou la diffamation portant atteinte à la vie privée, aux fonctions ou activités d’autrui, ce qui hélas, constitue une violation de la loi pénale», ajoute-il avant de conclure «nous sommes désormais avertis : Quiconque produira, reproduira, diffusera, publiera, partagera à travers une plateforme numérique, un fait qui sort du cadre légal en vigueur, sera l’objet de poursuites pénales sans compromis et sans complaisance.
Il en sera de même pour quiconque publiera un commentaire validant une publication illicite. La complicité par approbation expose également à des poursuites, car la loi nous impose à tous de dénoncer tout crime ou délit dont nous avons connaissance. La bonne santé de notre société en dépend.»
Un exercice qui ressemble trait par trait à celui du Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan Koné Braman Oumar le 26 septembre 2025 sur le thème «la responsabilité des administrateurs des sites sur les réseaux sociaux, la presse en ligne, les blogueurs et les influenceurs».
Mais avant de chercher à copier la Côte d’Ivoire sur la régulation des médias sociaux, et si le Togo déployait la même énergie pour le développement des infrastructures comme au pays de Ouattara Alassane ? C’est souvent très facile pour le Togo de copier les mauvaises pratiques qu’autre chose.

Une vue aérienne du Pont Cocody à Abidjan, Côte d’Ivoire | Photo: xinhua
Au demeurant, le Procureur n’apporte rien de nouveau si ce n’est la formalisation des enlèvements et arrestations arbitraires qui ont cours dans le pays depuis le 6 juin 2025.Autrement, le Procureur Mawama qui déclare de façon péremptoire que «la loi nous impose à tous de dénoncer tout crime ou délit dont nous avons connaissance» , peut-il nous dire qu’il n’a pas pleins d’autres dossiers plus préoccupants que les réseaux sociaux ? Que fait-il des milliers de dénonciations au quotidien dans les médias classiques, les réseaux sociaux et même des institutions comme la Cour des Comptes et la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions assimilées (HAPLUCIA) ? La bonne santé de notre société aussi en dépend.
Source: lecorrecteur.tg