Nous nous permettons de publier in extenso, l’avis d’un ressortissant togolais vivant à l’étranger. Une analyse qui nous est parvenue via internet et qui s’intéresse à la situation sociopolitique du Togo et aux germes qui expliquent l’échec des formations politiques de l’opposition aux différentes échéances électorales.
L’auteur, qui signe sous un pseudonyme, estime que depuis la fin des dernières élections présidentielles, la « traversée du désert des Togolais a pris une tournure tragique ». « La désillusion a été amère. Les idoles des foules eurent du mal à contenir leurs sanglots, comme s’ils avaient subitement oublié que le long du processus démocratique, chaque courant extrémiste a toujours suscité son opposé dans le camp d’en face », lance-t-il et d’accuser le président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) Jean-Pierre Fabre, d’avoir adopté les mêmes stratégies que Gilchrist olympio d’antan. Ce qui, selon lui, explique son échec.
Voici en intégralité son mail de présentation et son analyse.
Bonjour chers journalistes de l’agence Afreepress. Je me permets de faire une intrusion dans votre rédaction histoire de passer par votre canal pour porter à l’attention de l’opinion nationale et internationale, mon analyse de la situation de mon cher pays le Togo. Je suis ressortissant togolais résident à l’extérieur du pays (mon nom et mon pays de résidence n’ont pas d’importance).
Voici ma vision de la situation sociopolitique qui prévaut dans mon pays je me permets de vous l’envoyer compte-tenu du sérieux du travail que vous abattez chaque jour. L’analyse est signée sous un pseudonyme. Je vous reviendrai très bientôt avec d’autres points de vue.
Veuillez recevoir toute ma gratitude.
PROBLEMATIQUE DE LA METHODE A ADOPTER POUR L’ALTERNANCE
La traversée du désert des Togolais a pris une tournure tragique avec l’issue du dernier scrutin présidentiel. La désillusion a été amère. Les idoles des foules eurent du mal à contenir leurs sanglots, comme s’ils avaient subitement oublié que le long du processus démocratique, chaque courant extrémiste a toujours suscité son opposé dans le camp d’en face.
On se rappelle qu’au début des années 90 les dirigeants du FAR (Front des Associations pour le Renouveau) ont réussi, par une méthode pragmatique basée sur le couplage des pressions et du dialogue, à amener le feu Président Eyadema à accepter de quitter le pouvoir en 1993 à l’issue d’une transition à organiser dans le cadre d’une assise nationale.
Tout avait été mis en place à cet effet. Et puis patatras ! À la veille de l’assise nationale, arrivèrent dans le pays, des opposants d’un autre style pour qui le dialogue avec le régime est une trahison du peuple.
Ainsi vit le jour la méthode alternative par laquelle les nouveaux opposants cherchèrent à se faire populaires par le rejet de toute idée de dialogue ou de transition avec le régime et le dénigrement des premiers acteurs de la lutte pour le changement démocratique. Elle a connu son temps fort de 1998 à 2010 avec les délires populaires provoqués par Gilchrist Olympio de l’UFC à chaque scrutin présidentiel.
Il s’est malheureusement trouvé que par ses dérives, la méthode alternative avait remis en selles dans le camp RPT, ceux qu’on se plaisait à qualifier ‘’d’éléments incontrôlés’’ et qui étaient en réalité l’aile extrémiste du RPT dont la mission était de vider chaque élection de tout sens, en agissant en sorte que le candidat du parti au pouvoir soit systématiquement proclamé vainqueur.
Lassé par les hold-up électoraux à répétition, Monsieur Gilchrist Olympio de l’UFC a fini par se rendre compte de la stérilité de la méthode alternative et y a renoncé en 2010.
Ses lieutenants se sont démarqués de lui et ont conservé la méthode comme stratégie de base de leur nouveau parti ANC en continuant à penser qu’ils peuvent réaliser l’alternance sans avoir eu avec le régime un dialogue de nature à faire sauter par des réformes constitutionnelles prescrites par l’APG, les verrous qui bloquent le processus démocratique et le développement du pays. Mais avec le scrutin présidentiel de 2015, l’ANC s’est aperçue à l’instar de l’UFC de Gilchrist Olympio, que c’était de l’illusion.
Face à l’impasse, que faire ? Faut-il persister dans la méthode prônée depuis la conférence nationale jusqu’au scrutin présidentiel de 2015 ou revenir à la méthode originaire qui a fait ses preuves depuis 1987 jusqu’aux élections législatives de 1994?
Il est temps que l’on cesse de tenir des propos qui occultent la diversité des stratégies au sein de l’opposition et la responsabilité des échecs électoraux qu’elle a endurés de 1998 à 2015.
Somanondjé Agna
source : afreepress
