La crise politique que traverse notre pays s’étire, interminable, comme une ombre menaçante qui couvre toute la nation. Et on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Depuis des années, cette crise aspire les énergies, use les forces vives et empêche le pays de reprendre du souffle.
Gouvernement comme opposition sont enfermés dans une confrontation qui, loin d’ouvrir des horizons, fige l’avenir dans une succession de blocages. Même si les propagandistes du régime nous avancent des chiffres qui classent le Togo tout le temps parmi les meilleurs, la réalité est là, amère.
La tension permanente n’est pas seulement l’affaire des acteurs politiques. Elle a infiltré la société tout entière. Les antagonismes se renforcent, les clivages s’approfondissent, et la méfiance s’installe jusqu’au cœur de la population. Or, un pays fracturé peine à à avoir un rêve commun et se construire. Comment espérer une véritable synergie pour le progrès social quand chaque camp se raidit, quand chaque geste est interprété comme un défi ou une menace?
Face à cette crispation, le pouvoir mise sur le maintien de l’ordre, parfois au prix d’une force dont le coût humain, social, financier devient chaque jour toujours plus exorbitant. Mais combien de temps un gouvernement peut-il espérer préserver la paix uniquement par la contrainte? L’histoire nous apprend que la paix imposée n’est jamais durable ; elle n’est qu’une parenthèse instable qui se referme trop souvent dans le fracas.
Le Togo ne manque ni de talents, ni de ressources, ni d’envies de changement. Ce qui manque, c’est l’espace pour exprimer ces choses, la volonté politique pour les accueillir, et la confiance mutuelle pour les transformer en projets communs. Tant que la classe politique dirigeante ne choisira pas l’ouverture plutôt que la strangulation, tant qu’elle préférera l’épreuve de force au courage du dialogue sincère, le pays restera suspendu dans cette attente stérile.
Que la crise cesse d’être un théâtre où chacun joue son rôle au détriment de l’intérêt général, c’est le vœu des Togolais. Que l’énergie dépensée à s’opposer soit enfin investie à construire. Le pays mérite mieux que la fatigue et la lassitude citoyenne. Il mérite une sortie de crise faite de compromis, de lucidité et d’audace.
Aucune nation ne peut durablement avancer en ayant perdu l’habitude de marcher ensemble.
N’djo
Source : JournalSika’a















