Le raffinement, l’élégance, la subtilité, l’intelligence sont des vertus et qualités que l’on devrait retrouver chez tout dirigeant visionnaire épris de paix et de justice pour son peuple.
Au Togo, ces vertus morales et spirituelles constituent plutôt des denrées rares, les moins partagées possibles en lieu et place desquelles l’on retrouve plutôt la robustesse, la brutalité, la force physique, la grossièreté, la rudesse dans les méthodes de gouvernance du pays.
La décision inique prise lundi par la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC) à l’encontre de la radio privée Légende FM tendant à lui faire retirer, définitivement sa fréquence, est une preuve supplémentaire de ce que nous avançons plus haut.
En effet, tous les togolais avaient conscience que la ligne éditoriale de cette radio privée était un véritable casse-tête chinois pour le pouvoir en place.
Tellement les acteurs politiques, les leaders d’opinion, la société civile jouaient amplement leur rôle de sentinelle et d’éveil des consciences des togolais à travers les ondes de cette radio que le régime en place avait toutes les raisons de se sentir sérieusement menacé, lui qui multiplie, au quotidien, des maladresses et des ratés dans la gestion des affaires du pays.
Du coup un plan piteux de fermeture de cette radio était monté depuis des mois bien avant l’initiative des élections législatives du 25 juillet.
Mais le clou de ce projet vil a été atteint à cette date précisément où prétextant d’une prétendue fausse alerte sur l’organisation d’un vote parallèle au domicile d’un chef à Lomé, le pouvoir a dépêché un détachement musclé de forces de sécurité dans les locaux de cette radio pour procéder purement et simplement à sa fermeture sans commune mesure ni ménagement.
La révolte spontanée, suscitée par cette démarche robuste et grossière du pouvoir l’avait contraint à lâcher momentanément prise pour sauver la vie aux dizaines de policiers et gendarmes coincés des heures par les populations avant de notifier, tout aussi grossièrement à la direction de cette radio, la mesure de sa suspension d’un mois à compter de ce 25 juillet.
Tout le monde savait, dès cet instant que la réouverture de cette radio n’était pas gagnée d’avance, vu les difficultés imminentes auxquelles le pouvoir va à nouveau se heurter fasse à la grogne sociale et aux contestations politiques qui auront nécessairement lieu dans les semaines à venir.
La formule est donc toute trouvée par l’alchimiste du code de déontologie et de l’éthique de la presse au Togo, le zélé Kokou Tozoun, activiste hors pair, syndicaliste rouillés et dinosaure du régime en place de refuser, arbitrairement le renouvèlement de l’autorisation d’installation et d’exploitation de la radio Légende FM et par voie de conséquence le retrait définitif de sa fréquence par l’ARTP.
Piteuse mesure ! La honte ne tue vraiment pas au Togo. Le régime pense ainsi bâillonner la presse au Togo par ces mesures légères et particulièrement honteuses.
La réaction énergique du mouvement SOS Journaliste en danger et d’autres organisations viables de presse, est une preuve suffisante que les journalistes, les vrais, sont loin de se laisser abattre par ces manœuvres insolentes et arrogantes du pouvoir.
« Nous constatons que cette institution (HAA) est en train de dévier de sa mission. Hier, c’était la radio X Solaire et le journal La Nouvelle. Aujourd’hui, c’est la radio Légende et si nous ne réagissons pas, tous les médias qui ne font pas la part belle au pouvoir seront fermés », a affirmé avec pertinence Ferdinand Ayité, l’un des responsables de SOS Journaliste en danger.
Il faut bien que nos dirigeants comprennent que la robustesse, la force brute, la grossièreté, la rudesse sont des pratiques du passé, vraiment désuètes pour être de mise dans un Etat qui se veut moderne.
Au 21ème siècle, un pays se dirige par la tête bien loin des muscles si robustes soient-ils.
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