Dans un message publié sur X depuis Paris, à l’occasion de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, le Président du Conseil, Faure Gnassingbé, a déclaré: « Il est de notre devoir collectif de transformer la solidarité en action, et l’action en résultats durables pour nos populations ».
Pourtant, derrière ces déclarations élogieuses des autorités togolaises sur la scène internationale se cache une réalité quotidienne des Togolais bien différente. En effet, depuis les évènements de juin 2025, la situation sociopolitique demeure très tendue.
Selon la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisations mondiale contre la torture (OMCT), « Depuis le 5 juin 2025, au moins 133 jeunes activistes togolais s’étant exprimés ou réunis pacifiquement pour porter des revendications citoyennes ont été arrêtées arbitrairement – dont 48 sont toujours en détention ».
La chasse à l’homme, les arrestations des défenseurs des droits de l’homme et militants des partis de l’opposition ainsi que les mandats d’arrêt internationaux émis par les autorités togolaises contre les activistes de la diaspora, ravivent de douloureux souvenirs et nourrissent la crainte d’un retour au pays pour de nombreux Togolais, dont ALOGNON Kodjo Djigbodi
Cette situation qui prévaut, ne laisse pas indifférente la Conférence des Evêques du Togo (CET). Dans leur récente sortie, les évêques ont déploré le climat d’intimidations et de violences qui génèrent la peur et la méfiance, ce qui ne favorisent pas la cohésion nationale. Les évêques du Togo réaffirment leur conviction qu’aucun développement véritable n’est possible sans le respect des libertés, de la justice et de la vérité.
Membre du parti Les Démocrates de Nicodème Habia, ALOGNON Kodjo Djigbodi a, en raison de son engagement politique, été interpellé à plusieurs reprises, souvent dans des conditions irrégulières et arbitraires. Ces événements marquants témoignent non seulement des difficultés rencontrées par les militants de l’opposition, mais aussi de la fragilité des libertés fondamentales au Togo.
Sa première interpellation remonte en janvier 2018 lorsqu’il rentrait chez lui après une réunion de son parti politique. « Sans raison valable, les forces de l’ordre m’ont interpellé et conduit au poste. Cette expérience m’a profondément marqué, car elle illustrait déjà la volonté du pouvoir d’intimider les voix discordantes », a déclaré ALOGNON Kodjo Djigbodi.
Quelques mois plus tard, le 28 septembre 2018, il a de nouveau été arrêté. « Ce jour-là, je me trouvais devant les locaux de l’Ambassade du Ghana en compagnie de plusieurs camarades. Nous étions venus soutenir notre Président, alors en grève de la faim, pour réclamer la libération des détenus politiques. Là encore, notre action pacifique s’est soldée par une répression injustifiée et une détention arbitraire », a-t-il confié.
Aux lendemains de l’élection présentielle du 22 février 2020, Agbéyomé Kodjo, candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), s’est autoproclamé vainqueur alors que, la CENI proclamait Faure Gnassingbé, élu.
Suite à l’appel de l’opposition à manifester contre les résultats officiels, les résidences du Président du MPDD, Agbéyomé Kodjo et de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, Archevêque émérite de Lomé ont été encerclées par les forces de l’ordre. Les militants de l’opposition présents le vendredi 28 février 2020 pour soutenir la DMK et son candidat et réclamer le respect du verdict des urnes, ont été dispersés par les forces de l’ordre. Plusieurs personnes ont été interpellées parmi lesquelles le militant du parti Les Démocrates.
Craignant pour sa vie, ALOGNON Kodjo Djigbodi a été contraint de prendre le chemin de l’exil comme Agbéyomé Kodjo, Mgr Kpodzro et bien d’autres pour se mettre en sécurité.
Depuis le 24 octobre 2025 au siège du parti «Les Démocrates», à Lomé, les femmes de cette formation politique ont entamé une grève de la faim pour exiger la libération de Mme Marguerite Gnakadé, Grâce Bikoni, Leïla, Dora Dougbedji et de tous les autres détenus politiques. Visages couverts de charbon de bois, corps enveloppés de sacs plastiques, vêtements noirs, ces militantes déclarent ne plus pouvoir supporter « la terreur devenue mode de gouvernance » au Togo et réclament justice pour les victimes de la répression.
L’Union européenne a tout récemment demandé la libération immédiate et inconditionnelle des détenus politiques et des défenseurs des droits humains, dont Abdoul Aziz Goma, Irlando-togolais, arrêté en 2018 et Jean-Paul Oumolou, en 2021, tous deux de la diaspora.
Malgré, les appels incessants à la libération des détenus politiques et de droits, rien n’y fit. Les dirigeants au pouvoir ont durci le ton.
Nombreux sont ces Togolais de la diaspora qui désirent apporter leurs pierres à l’édification du pays comme le stipule la dernière phrase de l’hymne national « Terre de nos Aïeux ». Mais, malheureusement, pourchassés, ils sont contraints de solliciter la protection de leur pays d’adoption au risque de subir le sort de Goma, Oumolou…
Séyram R.
Source: LeCorrecteur.tg














