Jadis présentée comme une extension naturelle de la France, l’Algérie s’apprête aujourd’hui à franchir un cap historique en envisageant une loi criminalisant les crimes coloniaux commis par la métropole.
Parallèlement, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont osé ce que peu d’États africains avaient tenté avant eux : déchirer les accords coloniaux qui perpétuaient une dépendance structurelle envers Paris.
La France voit rouge.
Dès 1884, lors de la conférence de Berlin, le prétexte avancé était limpide : s’approprier des territoires africains parce qu’ils pouvaient servir.
Mais derrière cette justification officielle se cachaient des motivations autrement plus concrètes et plus brutales : l’économie et les ressources. Diamants, or, phosphate, manganèse, uranium et bien d’autres richesses étaient déjà dans le viseur des puissances coloniales.
Dans la foulée, des accords furent signés dans un contexte de dominateurs face à des dominés, sur une base profondément inégale. C’est ainsi que commencèrent l’expoliation systématique et le bradage organisé des ressources du continent africain.
Les indépendances des années 1960 ne furent, pour l’essentiel, qu’un habile changement de façade. Il s’agissait moins de libération réelle que d’une reconfiguration stratégique : céder l’administration politique pour mieux verrouiller la domination économique, financière et monétaire.
Des décennies plus tard, comme un séisme historique, l’Afrique se réveille. La rue gronde. Les consciences s’éveillent.
Les palais, sous pression populaire, réagissent et mettent à nu le contenu réel des accords coloniaux — des textes qui, aujourd’hui encore, donnent la chair de poule par leur caractère léonin et anachronique.
Ce qui se joue désormais dépasse les États et les régimes :
– c’est la remise en cause d’un ordre postcolonial vieux de plus d’un siècle.
– c’est la fin du silence, de l’amnésie imposée et de la soumission consentie. Alors la question demeure, lancinante et historique : quand sonne — enfin — le glas de la domination française en Afrique ?
Innocent Pato – Journaliste

















