Jean-Pierre Fabre a été reconduit à la tête de la commune du Golfe 4, au terme de la toute première réunion, vendredi 17 octobre 2025 dans la grande salle de mariage de la mairie d’Amoutive, des conseillers municipaux élus lors des communales du 17 juillet dernier. Mais bien avisé pouvait présager de cette issue, tant le suspense était total, la tension maximale. Voici le film des événements.
Longue attente, 6 ministres présents…
14 h 30 mn, heure officielle pour le début des travaux. La somptueuse salle de mariage de la mairie retenue pour abriter les travaux était à moitié pleine. Les conseillers municipaux étaient déjà là et les tout derniers arrivaient. L’entrée de la salle était soigneusement filtrée. Pour y accéder, il fallait figurer parmi les invités nommément listés, les responsables de Comités de développement de quartier (CDQ), les cadres de la mairie, les journalistes et autres invités spéciaux. Dehors, les militants, sympathisants de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et admirateurs de Jean-Pierre Fabre attendaient impatients…
Fabre mettant son bulletin dans l’urne
Un peu plus de 15 H, la salle était pleine et l’on n’attendait que le début des travaux. Mais les choses avaient du mal à démarrer. Pendant ce temps, les supputations allaient bon train. Entre-temps, c’est le maire du Golfe 1 et ministre délégué auprès du ministre de l’Aménagement du territoire, chargé du Développement local, Koami Gomado, un ancien membre de la maison ANC, qui fait son entrée. « Les gens d’UNIR-là vraiment, c’est lui qu’ils ont envoyé pour superviser les travaux ! », brédouille quelqu’un dans l’assistance. L’attente était fiévreuse, le stress au top, la tension maximale…Illustration palpable, un accrochage soudain entre le protocole du préfet du Golfe et le chargé de communication de la mairie du Golfe 4 au sujet du dispositif mis en place, au motif de la venue de plusieurs ministres…
Après quelques instants d’attente, le préfet du Golfe censé présider la rencontre, Kossivi Agbodan fit son entrée dans la salle. Débutèrent alors les travaux avec le mot introductif du Secrétaire Général de la préfecture, puis le discours de circonstance du préfet lui-même précisant le contexte, la base légale de la séance, la procédure à suivre et appelant à la discipline au cours des travaux. S’ensuit le contrôle de présence donnant vingt et un (21) conseillers présents sur les vingt-trois (23) en tout. Le bureau d’âge composé du plus âgé et du plus jeune des conseillers devant conduire le processus de l’élection du maire et ses quatre adjoints est mis en place. Mais la tâche n’était pas facile. Etant candidats aux postes de maire et/ou d’adjoints, cinq (5) conseillers successifs se sont désistés et il a fallu que l’un, Jacques Amouzouvi (ANC) notamment se propose, en binôme avec le moins âgé des conseillers, Rachid Péréira Stanislas, pour permettre de le constituer.
La séance fut alors suspendue quelques minutes, le temps pour le bureau d’âge de prendre connaissance des documents de travail. Dans la salle, les discussions ou plutôt bourdonnements reprennent. Soudain, un contingent (sic) d’autorités firent leur entrée dans la salle : Séna Alipui, ministre délégué auprès du ministre de l’Aménagement du territoire, chargé de l’Eau et l’Assainissement ; Gilbert Bawara, ministre des Relations avec le Parlement et les Institutions ; Pascal Bodjona, Conseiller du Président du Conseil avec rang de ministre ; l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Malick Natchaba ; Ibrahima Méimounatou, députée UNIR et Présidente du Parlement de la CEDEAO ; puis plus tard Colonel Hodabalo Awaté, ministre de l’Administration territoriale, de la Gouvernance locale et des Affaires coutumières. Preuve suffisante, si besoin en était encore, de la solennité de l’événement ou plutôt de l’enjeu politique qui l’entourait. « Ces gens sont décidés à prendre le contrôle du Golfe 4 quoi ! », dit dépité un participant à la rencontre, certainement un sympathisant de Jean-Pierre Fabre. Les hostilités sont lancées.
Elections, adrénaline, surprises…
Election du maire pour commencer. Jean-Pierre Fabre est proposé candidat par sa 1re adjointe de l’équipe communale sortante Me Isabelle Ameganvi. L’assistance s’attendait à une autre candidature, notamment venant des rangs de l’Union pour la République (UNIR) et alliés. Mais RAS (rien à signaler). Jean-Pierre Fabre se retrouve seul candidat. Surprise totale. Bourdonnements dans la salle. Le président du bureau d’âge conduisant l’élection relance à plusieurs reprises les conseillers municipaux pour une autre candidature éventuelle, en vain. « Mais, il ne doit pas forcer les gens !», lance une voix dans la salle. « Qu’est-ce qu’ils ont dans la tête, ces gars ? », s’interroge une dame.
Parole dut donnée au candidat unique Fabre pour battre campagne. « Faire le choix d’une majorité claire », demande-t-il aux 23 conseillers municipaux appelés à voter, leur promettant de travailler « dans un esprit de concertation » pour « bâtir une commune de référence ». Instant de vote. Les votants sont appelés par ordre alphabétique et se rendent un à un dans l’isoloir pour faire leur choix. Les conseillers UNIR et affiliés vont-ils voter Fabre ? Ou bulletins nuls ? Les questionnements allaient bon train au sein de l’assistance. Fin des votes, dépouillement. Jean-Pierre Fabre recueille…vingt-deux (22) voix sur les 23 en tout (21 conseillers présents et 2 procurations). Seul un votant a fait bulletin nul. Les conseillers du parti au pouvoir et alliés ont donc aussi voté Fabre ! Incroyable, mais vrai. Qu’à cela ne tienne, bien loin de ces considérations, salve d’applaudissements et manifestations de joie des militants ANC massés dehors au prononcé des résultats.
Election des adjoints entamée.
« C’est maintenant que le game commence », laisse entendre un monsieur, sourire en coin et tout fier d’être dans le secret des dieux. A l’en croire, le schéma ficelé était de donner le poste de maire à Jean-Pierre Fabre et de lui imposer des adjoints bleus (sic) qui vont lui pourrir la vie (sic). De quoi faire couler de l’adrénaline et retenir leur souffle aux partisans du maire sortant réélu. Mais la suite des événements va déjouer ces pronostics. Me Isabelle Ameganvi se propose candidate pour le poste de 1re adjointe. Et ce fut la seule candidature enregistrée. Ici aussi, le président du bureau d’âge relance à plusieurs reprises les conseillers pour avoir une autre, sans succès. Autre surprise. Place aux votes. Suite aux dépouillements, Mme Ameganvi est élue avec 21 voix sur les 23 ( 2 bulletins nuls).
Même scénario pour le poste de 2e adjoint au maire où Akouété Tsolényanou des Forces démocratiques pour la République (FDR) s’est aussi retrouvé seul candidat, sans concurrent. A la fin des opérations de votes, lui aussi est élu avec les mêmes scores. « Mais qu’est-ce qu’ils cachent, ces gens ? », lance de nouveau quelqu’un dans l’assistance. Question légitime, d’autant plus que c’est déjà l’état-major du bureau exécutif communal sortant qui est reconduit, et aux mêmes postes : Jean-Pierre Fabre maire, Me Isabelle Ameganvi 1re adjointe, Akouété Tsolényanou 2e adjoint. Autre curiosité, chaque séquence de vote était entrecoupée de sorties des conseillers UNIR et alliés et des ministres présents pour des concertations…
Poste de 3e adjoint. Enfin une candidature UNIR, Mme Laure Evangeline Kutsienyo. Le camp Fabre et associés demande une suspension des travaux pour une concertation stratégique. De retour, il suggère la candidature de Mme Akossiwa Adjalle, conseillère Tovia. Aussitôt proposée, aussitôt rejetée. Place aux votes. A la fin des dépouillements, Mme Laure Evangeline Kutsienyo, seule candidate en lice, est élue avec douze (12) voix sur les 23, onze (11) bulletins (étant) déclarés nuls. C’était en fait la première vraie (sic) compétition au cours de cette séance donnant un aperçu des rapports de forces en présence.
Transmission du procès-verbal au préfet
Dernier poste à pourvoir, celui de 4e adjoint. Mme Akossiwa Adjalle du mouvement Tovia qui s’est entre-temps désistée lorsque proposée par un conseiller du camp ANC et alliés, se porte candidate. Fabre & co suggèrent la candidature de Me Komi Wolou du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR). Au terme des votes et après dépouillement, c’est la candidate Tovia qui a été proclamée élue avec quatorze (14) voix contre neuf (09) pour son concurrent. C’est sur ces entrefaites que l’élection du nouveau bureau exécutif communal a pris fin. Le déroulé de la séance a été scellé par un procès-verbal dûment établi.
Plus de peur que de mal, diront certains, Jean-Pierre Fabre dont on ne vendait pas cher la peau étant reconduit, au regard du rapport de forces au sortir des élections municipales et de la configuration politique qui en était issue. Mais cette issue continue d’alimenter les polémiques. ‘’Jean-Pierre Fabre réélu maire grâce à UNIR’’, c’est le traitement médiatique entamé sur les réseaux sociaux à peine la séance terminée. « (…) Si nous n’avons pas eu un bilan positif, on ne nous soutiendrait pas. Donc le soutien dont nous avons bénéficié traduit le bilan positif que nous avons eu dans la mandature passée», philosophe le principal concerné.
Source : letabloid.tg