Alerte publiée le 01/08/23 à 8 h 30 – Selon les informations d’Africa Intelligence, les chefs d’Etat de l’organisation régionale viennent de s’accorder sur le profil du sultan de Sokoto, Muhammadu Sa’adu Abubakar, pour mener une médiation à Niamey.Respecté et influent, le leader religieux aux mille réseaux de l’extrême nord du Nigeria a prévu de se rendre au Niger dans les tout prochains jours.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’apprête à nommer son médiateur au Niger. Selon les informations d’Africa Intelligence, le poste doit revenir au sultan de Sokoto, le Nigérian Muhammadu Sa’adu Abubakar.
Le leader religieux est attendu à la tête d’une délégation de l’organisation régionale le 2 août à Niamey. Dans la capitale nigérienne, il compte s’entretenir avec legénéral Abdourahamane Tchiani, le président de la junte putschiste réunie sous la bannière du Comité national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Muhammadu Sa’adu Abubakar devrait par ailleurs rencontrer le président nigérien Mohamed Bazoum, toujours maintenu à résidence dans le palais présidentiel. Le profil de Sa’adu Abubakar a été proposé par le chef de l’Etat nigérian, Ahmed Bola Tinubu, qui assure la présidence de la Cedeao depuis le début du mois de juillet.
Ce choix de désigner un chef traditionnel et non politique est un pari audacieux qui peut surprendre. Le sultan de Sokoto, héritier d’un empire fondé au tout début du XIXe siècle par Ousman dan Fodio, est aussi la première autorité musulmane du Nigeria et un dépositaire du pouvoir spirituel de la confrérie soufie de la Qadiriyya. Discret et particulièrement respecté, Muhammadu Sa’adu Abubakar reçoit régulièrement les responsables politiques du Nigeria, tels que l’ancien président Muhammadu Buhari, son successeur Ahmed Bola Tinubu ou le vice-président Kashim Shettima.
Ultimatum
Son influence s’étend au-delà de l’extrême nord du Nigeria, à commencer par le Niger, frontalier de son sultanat. Par le passé, le président Bazoum s’est déjà entretenu avec cette autorité traditionnelle et religieuse qui, tout comme d’autres héritiers de royaumes précoloniaux, avait tenu à dépêcher une délégation lors de son investiture.
Sa mission particulièrement délicate intervient alors que la Cedeao, réunie en sommet le 30 juillet, a lancé un ultimatum de sept jours à la junte militaire nigérienne pour libérer Mohamed Bazoum et le restaurer dans ses fonctions de président de la République.
Dans ce cadre, Mahamat Idriss Déby, le président du Tchad – qui n’est pas membre de la Cedeao -, a tenté une première mission de bons offices à Niamey le 30 juillet où il s’est à la fois entretenu avec Mohamed Bazoum, son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, le général Abdourahamane Tchiani et l’ancien chef d’Etat major, Salifou Mody rallié au CNSP.
En parallèle de la médiation de Muhammadu Sa’adu Abubakar et en cas de non-respect de l’ultimatum du 30 juillet, la Cedeao étudie l’option d’une intervention militaire. Les chefs d’état-major des pays membres de l’organisation devraient se réunir dans les tout prochains jours.
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