La récente révision constitutionnelle au Togo a provoqué une vague de critiques bien au-delà des frontières nationales. Le Réseau de Solidarité pour la Démocratie en Afrique de l’Ouest (WADEMOS), en partenariat avec Tournons la Page (TLP), l’Institut de la Société Civile de l’Afrique de l’Ouest (WACSI) et d’autres organisations pro-démocratiques de la région, appellent la CEDEAO à engager un dialogue avec le gouvernement togolais sur cette réforme controversée.
Lors d’un forum consultatif conjoint des organisations de la société civile (OSC) et des acteurs civiques en Afrique de l’Ouest, tenu en prévision de la 65e session de l’Autorité des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue le 7 juillet 2024 à Abuja, au Nigeria, ces organisations ont exprimé leur inquiétude face aux amendements constitutionnels togolais.
Adoptées sans référendum, ces modifications ont été largement contestées par les citoyens togolais, la Conférence des Évêques, des universitaires, des OSC et la diaspora. Paul Osei-Kuffour, coordonnateur du réseau WADEMOS, a souligné que selon les données de l’enquête Afrobarometer de 2022, les deux tiers des citoyens de 34 pays africains sont favorables à la limitation des mandats présidentiels à deux termes. Il a insisté sur le fait que la CEDEAO devrait tenir compte de ces aspirations et réagir en conséquence.
« Les enseignements tirés de la révision constitutionnelle au Togo, qui accorde des pouvoirs supérieurs au président du conseil des ministres sans limite de mandat contre le président élu, devraient éclairer la révision du Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance. Nous appelons humblement la CEDEAO à appliquer strictement la limitation du mandat présidentiel à deux termes à tous les chefs d’État et de gouvernement des États membres, » a déclaré le groupe d’organisations dans un communiqué.
Le communiqué exhorte également la CEDEAO à engager des discussions avec le gouvernement togolais. « Le fait qu’un référendum n’ait pas été l’option prioritaire pour adopter l’amendement et que la décision ait été prise par un Parlement contrôlé par un parti unique affecte les droits des citoyens à exprimer leurs choix politiques, » ajoute le document.
Outre le Togo, le réseau WADEMOS et ses partenaires ont formulé des demandes concernant d’autres crises politiques récentes dans la sous-région. Ils ont réaffirmé leur engagement à collaborer avec la Commission de la CEDEAO, les gouvernements et les citoyens de la communauté pour accélérer l’action sur ces questions cruciales, représentant une menace significative pour la stabilité de l’Afrique de l’Ouest.