Le CAR d’APEVON  a tenu son conseil national ce week-end.Plusieurs partis politiques étaient présents.A l’exception de l’ANC et de l’UFC
 
Voici le discours clôturant ce congrès
 
Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique, consulaire et des organisations internationales
 
Mesdames et Messieurs les Représentants des Partis politiques
 
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Sénatorial et du Comité
 
Directeur,
 
Mesdames et Messieurs, les Présidents Fédéraux et des Comités de Préfectures,
 
Mesdames et Messieurs les Délégués
 
Honorables invités,
 
Mesdames, Messieurs,
 
Je voudrais, Mesdames et Messieurs les honorables invités, vous  exprimer  mes vifs remerciements pour avoir répondu aussi massivement à  notre invitation.
 
A vous, Mesdames et Messieurs les délégués venus de toutes les  fédérations, il me plait de vous renouveler mes félicitations pour  l’attachement et le dévouement que vous continuez de manifester pour le  parti. Notre combat est noble et la victoire, même si elle tarde à  venir, est certaine et proche.
 
Mesdames et Messieurs
 
Le CAR vous a rassemblé ce jour en ces lieux pour vous dire : ‘’j’ai vingt ans’’
 
Le CAR demande que vous lui souhaitiez joyeux anniversaire !
 
Oui, 30 avril 1991 – 30 avril 2011, cela fait deux décennies que nous  sommes sur le chemin. Que d’évènements notre pays n’a traversé ! Que de  morts, de blessés, de départs en exil n’avons nous dénombrés ! Que de  maisons saccagées,  brûlées !
 
Je voudrais réitérer mes compassions à tous ces compagnons de lutte  et à leurs familles respectives. Paix à l’âme des disparus et que leur  sang versé serve à l’achèvement de l’édifice démocratique pour lequel  ils sont morts.  En leur mémoire, je voudrais très humblement vous demander de bien  vouloir vous lever pour observer une minute de silence.  Vingt ans dans la vie d’une organisation est un âge symbolique et sacré.  C’est l’âge le plus indiqué pour faire un break et évaluer le chemin  parcouru.
 
Chers invités,
 
Chers délégués,
 
Mesdames et Messieurs,
 
Au commencement était le social.
 
Vous vous rappelez, chers délégués, que si, le 30 avril 1991, il y a  vingt ans, jour pour jour, plus d’un millier de nos compatriotes venant  de toutes les régions du pays, se sont retrouvés pour créer à l’hôtel  Sarakawa le Comité d’Action pour le Renouveau, notre parti, c’était en  vue de mettre fin aux conditions difficiles dans lesquelles vivaient nos  populations.  Les souffrances endurées étaient d’autant plus inadmissibles que le pays  disposait à l’époque d’énormes ressources financières provenant des  phosphates, du café, du cacao et autres produits agricoles. Une poignée  d’individus s’était malheureusement accaparé de ces richesses par la  corruption et autres manœuvres malhonnêtes.
 
Notre engagement avait pour objectif d’éradiquer les pratiques de  mauvaise gouvernance qui permettait à une minorité d’individus de  confisquer les richesses nationales aux dépens de la grande masse de  ceux qui étaient exclus de la jouissance de ‘’l’héritage national’’, du  bien commun et qui se considèrent à juste titre comme des déshérités de  la République.   Ils sont les mêmes hier comme aujourd’hui : les paysans, les artisans,  les enseignants et autres travailleurs du secteur public et privé aux  salaires dérisoires, les diplômés convertis en conducteurs de taxi  motos, les opérateurs économiques ruinés par les magouilles en matière  d’attribution des marchés publics, etc.
 
Les couches déshéritées de la République avaient compris qu’elles ne  pouvaient mettre fin à cet état de chose et changer leurs conditions de  vie qu’en se battant ensemble.
 
C’est grâce à cette solidarité que notre parti, le CAR, est sorti  vainqueur des élections législatives de 1994 avec 36 députés, devant le  RPT.  L’ancien parti unique prit à tort pour une humiliation cette victoire du  parti de salut des déshérités de la République. Un de nos élus, EDEH  Gaston et ses quatre compagnons qui revenaient d’Ahépé dans la  préfecture de Yoto après la proclamation des résultats, ont été  retrouvés calcinés dans une voiture à Massouhoin, banlieue de Lomé. Cet  acte de violence sera suivi de bien d’autres.
 
Le parti resta néanmoins résolu à poursuivre son combat pour mettre fin au système.
 
Les choses ont malheureusement pris une autre tournure avec l’entrée  en scène d’un personnage qui se fit prendre pour le ‘’messie’’. Ses  disciples ont vanté ses immenses fortunes et sa puissance de frappe. Les  couches appauvries, qui se battaient jusque-là pour leur libération,  crurent que le messie allait désormais faire leur bonheur à leur place.  Depuis lors, et pendant plus de 17 ans, c’est la traversée du désert.  Oui, notre parti le CAR et le processus démocratique ont vécu une  période sombre durant laquelle certains partis de l’opposition n’ont  cessé de se tromper de cible.
 
Ils ont subitement transformé la lutte qui opposait les pauvres aux  prédateurs des ressources nationales, en rivalités internes à  l’opposition. Ils se sont comportés comme si la cause des malheurs des  Togolais, ce n’était plus l’ancien parti unique. Pour eux, gagner une  élection c’est avoir un score supérieur à ceux des autres candidats de  l’opposition. Peu importe que le régime s’en sorte vainqueur. Leur souci  c’est les partis frères à qu’ils se plaisent à combattre par une  violence verbale haineuse inouïe en les dénigrant par toutes sortes de  propos mensongers : ‘’X est du RPT’’, ‘’Y est allé à la mangeoire’’,  ‘’si vous accordez vos suffrages au candidat Z, il ira les vendre au  RPT’’.
 
C’est ainsi qu’ils ont desservi et continuent de desservir le  processus démocratique au profit du régime en détruisant les symboles  qui incarnaient le mouvement démocratique aux yeux des populations. Il a fallu d’énormes sacrifices pour obtenir en 1999 l’Accord Cadre de  Lomé (ACL) qui a consacré le bulletin unique et a dessaisi  l’Administration de l’organisation des élections pour la confier à la  CENI.
 
Il a fallu encore plus d’efforts et le concours des pays amis pour obtenir l’Accord Politique Global du 20 août 2006.  Je voudrais ici m’arrêter quelques instants pour souligner la portée historique de ce document.
 
J’aimerais rappeler à ce propos que le grand défi auquel l’opposition  était confronté était de savoir s’il fallait remettre l’Accord au RPT  pour l’appliquer comme il voulait ou s’il fallait que sa mise en œuvre  soit plutôt confiée à un gouvernement piloté par une personnalité issue  des forces démocratiques.  Les partis d’opposition, signataires de l’Accord, avaient opté pour la  deuxième formule en acceptant tous d’entrer dans un gouvernement d’union  nationale.
 
Le consensus se brisa malheureusement quand il a été demandé à notre  Président d’Honneur qui eut à présider le Dialogue national de diriger  le gouvernement d’union nationale. L’un des signataires de l’Accord  s’est soustrait de son engagement pour des raisons faciles à saisir.  Devant cette situation, Me AGBOYIBO n’a pas caché son embarras sur le  point de savoir s’il fallait accepter ou non la responsabilité qui lui  est proposée.
 
Et si en fin de compte il s’est résolu à l’accepter, c’était à cause  des couches sociales victimes de l’isolement économique et international  du Togo.
 
Permettez-moi à ce niveau de rendre un hommage mérité à notre  Président d’Honneur pour l’œuvre qu’il a accomplie et continue  d’accomplir pour la cause du changement au Togo : ‘’Me AGBOYIBO, vous  aviez l’habitude de nous dire que si vous êtes si passionné pour la  cause des victimes de la mauvaise gouvernance, c’est parce que vous  vivez parmi elles.
 
Si ce n’est pour le salut des déshérités que sont les appauvris du  Togo, vous n’auriez certainement pas accepté d’être nommé Premier  Ministre en 2006 en raison des dénigrements et des incompréhensions que  la mission pouvait vous coûter. Mais, homme de hauteur, vous n’avez  jamais regretté d’avoir rendu ce service comme bien d’autres à notre  pays. Le seul regret que vous éprouvez par moments, c’est que la reprise de la  coopération n’ait pas profité aux couches modestes, victimes de la  mauvaise gouvernance qui était à l’origine de la suspension de la  coopération. Vous avez raison, Me AGBOYIBO. Nous vous en remercions’’.
 
Honorables invités,
 
Chers délégués
 
Mesdames,
 
Messieurs,
 
Nous avions tous cru effectivement qu’avec la reprise de la  coopération, notre pays allait enter dans une nouvelle ère de bonne  gouvernance, de justice sociale et de prospérité économique profitable à  tous les Togolais.  Malheureusement, tel n’est pas aujourd’hui le cas.
 
En effet, force est de constater que ce ne sont pas nos populations  pour qui nous nous sommes sacrifiés qui profitent de la reprise de la  coopération, mais plutôt des vautours de la République, une poignée de  milliardaires fabriqués sur le dos de nos populations. On en a fait  venir de partout. Le clan au pouvoir a en effet créé et continue de créer un groupe de  riches qui occupe et cumule tous les postes de l’administration et de  toutes les régies financières en même temps qu’il s’accapare de tous les  marchés publics. Ces vautours corrompus de la République se considèrent  comme les nouveaux riches devant lesquels les victimes doivent  s’agenouiller pour avoir quelques résidus du bien commun.
 
En face, les déshérités de la République, la quasi majorité des  Togolais à qui appartiennent les richesses nationales, le bien commun,  mais qui n’en disposent pas, le régime les ayant confisqué au profit des  nouveaux riches.  Cette prédation de nos richesses plonge notre pays dans une situation  sociale très misérable. Le chômage des jeunes a de quoi inquiéter. Les  infrastructures routières, sanitaires, scolaires et autres sont  totalement délabrées. La pauvreté est palpable dans toutes nos villes et  campagnes. Il n’y a pas de milieu où il n’existe de victimes. Aux  victimes du passé s’ajoutent chaque jour de nouvelles catégories que  génère la difficile situation politique que vit le pays.
 
Par-delà son impact sur la qualité de vie des citoyens, si la misère  sociale a de quoi inquiéter, c’est surtout en raison de ces effets  pervers tant sur l’économie nationale que sur le plan politique.
 
Il va en effet de soi que quand le pouvoir d’achat des ménages baisse  avec la stagnation des revenus, le volume de la consommation nationale  ne peut que décroître avec pour conséquence, la récession de l’économie  nationale et la faillite des opérateurs économiques. Il n’est donc pas  étonnant que le processus de développement du pays continue à s’enliser.
 
Mais l’effet pervers le plus préoccupant est d’ordre politique. Nos  compatriotes qui oeuvrent pour le changement se sentent de plus en plus  fragilisés par la misère sociale dans leur résistance au système  politique en place. Et nombreux sont ceux qui en viennent à se résigner à  l’idée qu’ils ne peuvent survivre qu’en changeant de vestes.
 
En réalité, c’est par une stratégie quasiment volontaire que le  pouvoir affame les populations pour se les rallier à des fins  électoralistes moyennant des sommes dérisoires.
 
Le phénomène est nouveau. Du temps du feu président Eyadema, on ne  l’avait pas vécu. Il avait ses méthodes artisanales pour s’assurer la  victoire aux élections.
 
Aujourd’hui, le régime donne l’impression d’organiser des élections  transparentes et régulières qui n’ont rien à voir avec les consultations  électorales d’antan. C’est du trompe-œil. Les observateurs ne peuvent  nullement s’en rendre compte dans la mesure où les manœuvres d’achats de  consciences se déroulent en dehors des bureaux de vote.
 
La traite électorale que notre pays vit aujourd’hui est encadrée et  entretenue par le réseau des nouveaux riches que le régime fabrique,  préfecture par préfecture, sur l’ensemble du territoire national.  Face à cette conspiration des prédateurs de nos richesses nationales,  que faire ?
 
Le diagnostic est sans équivoque. C’est un fait que la quasi-totalité  de nos populations est aujourd’hui affectée par l’extrême pauvreté.  Toutes les régions du pays, sans exception, en sont concernées. Je  voudrais,  à titre d’illustration de la gravité de la situation, me  borner à citer le passage du récent Document de Stratégie de Réduction  de la Pauvreté (DSRP) où il est écrit que la proportion des pauvres de  la région des Savanes est de 90,5%, …. Ce taux a de quoi effrayer.
 
Cela dit, la pauvreté n’est pas une fatalité pour le Togo. Le pays  regorge d’énormes ressources naturelles et humaines. Et il existe à  travers le monde, de nombreux pays, organismes et investisseurs prêts à  mettre des fonds lourds au service du développement, à l’avènement d’une  gouvernance démocratique.
 
Si le Togo se trouve dans l’état actuel, c’est à cause de la gestion  calamiteuse de ses ressources. Et il ne dépend que de nous Togolais  d’arrêter ou de laisser perdurer la mauvaise gouvernance.
 
En réalité, il n’y a pas mille solutions. Les partis politiques et  les organisations de la société civile incarnant les aspirations des  couches déshéritées de la République doivent faire bloc pour la défense  de la bonne gouvernance prescrite par l’APG comme un impératif pour  toute équipe dirigeante du pays, quelle que soit son bord de provenance.  Sans une union sacrée de l’ensemble des forces démocratiques, il est  impossible de venir à bout du système actuel de gouvernance.  Face à la misère criarde de nos populations, nos rivalités internes, nos  égoïsmes de tous genres et nos querelles de leadership sont des signes  d’irresponsabilité.
 
Il est certes exact que la pauvreté et les élections sans lendemain  ont entrainé une démobilisation dans nos rangs. Mais si nous donnons un  sens nouveau à la lutte, nous redonnerons le moral à nos compatriotes  découragés par les événements et nous réveillerons certainement en eux,  comme dans les années 1990, les ressorts de la résistance et du combat. Malgré les apparences, la victoire des déshérités de la République sur  les prédateurs de la République est inéluctable. Il suffit d’y mettre de  la volonté et de la détermination.
 
Au sujet du courage et de la détermination, permettez-moi de vous  raconter une petite histoire Un grand général de Napoléon 1er  du nom de LAVERIERE avait pris la  décision d’attaquer l’ennemi, alors que ses troupes étaient largement  inférieures en nombre.
 
Il était sûr de vaincre, mais il sentait monter la peur chez ses hommes et voulut couper court à toutes protestations. Sur le chemin de campagne, il s’arrêta devant une chapelle isolée et déclara à ses guerriers :
 
« Je vais me recueillir et demander l’aide de Dieu. Ensuite  jetterai cette pièce d’or que voici. Si la face de notre empereur  apparaît, nous vaincrons, mais si c’est pile, nous perdrons. Ainsi mes  Grognards, nous sommes entre les mains du destin ! »
 
S’étant recueilli quelques instants, LAVERIERE sort du temple et jeta  une pièce. Napoléon apparut. Les soldats acclamèrent le destin et la  troupe retrouva le moral. Convaincus d’être victorieux, les Grognards  combattirent avec que si extraordinaire intrépidité qu’ils gagnèrent  rapidement la bataille.
 
Après la victoire, Vermont, l’aide de camp de LAVERIERE lui dit : «  Ah ! Mon général ! Personne ne peut donc changer le cours du Destin. Cette victoire inespérée est une nouvelle preuve. »
 
« Qui sait, mon bon Vermont, qui sait …répondit LAVERIERE en lui  montrant la pièce d’or à deux côtés : face Napoléon et pile Napoléon.
 
Le destin est plus fort que l’homme : c’est ce que l’on entend  souvent dire et c’est aussi la morale préférée de ceux qui renoncent  dans la vie, ceux qui préfèrent marcher la tête basse et le dos courbé,  parce qu’il est plus facile de se laisser aller que ‘affronter les  événements. Nous devons donc revoir nos stratégies en faisant en sorte que le bien  être de nos populations soit placée au centre de nos préoccupations.  Nous devons tout mettre en œuvre pour faire cesser la confiscation de  nos richesses nationales par une poignée de vautours de la République au  détriment de la grande masse des déshérités de la République qui  continue à s’appauvrir. La république à refonder dans le cadre du  dialogue national en perspective doit être avant tout une république  sociale.
 
C’est pour cela que je tiens à lancer ici et en présence de vous tous, cet appel à toute la nation togolaise :
 
Déshérités de toutes les régions du Togo
 
Unissons nous.
 
Je vous remercie
			
			










                


