Dans le cadre de la double célébration des 55 ans de l’Université de Lomé et des 45 ans du Barreau du Togo, le Centre de droit des affaires de ladite université, en partenariat avec l’Ordre des avocats du Togo, organise un colloque sur le thème :
« Retour sur l’homme et la terre- Hommage à Guy Isidore Adjété Kouassigan ».
Les travaux dudit colloque se tiennent le 9 octobre 2025 à l’auditorium de l’Université de Lomé. A préciser qu’il s’agit de l’heureux aboutissement de l’appel à contributions au Liber Amicorum dédié à la mémoire du regretté professionnel du droit et de la justice.
Avocat pénaliste de réputation intemporelle, Me Kouassigan était un ténor du Barreau de Lomé. Connu pour être une personnalité engagée et sans langue de bois, il l’était aussi pour sa dynamique participation à de grands dossiers judiciaires.
L’ancien Secrétaire Général du Ministère togolais des Affaires étrangères s’était illustré dans la défense des personnalités à savoir Maurice Yaméogo, premier Président de la Haute Volta aujourd’hui Burkina Faso, mais aussi de son confrère et compatriote Me Noé Kutuklui, impliqué dans le dossier du « Complot du 21 novembre 1966 » contre le régime Grunitzky et celui des « Affaires du 8 août 1970 » contre celui du Général Eyadèma.
Au –delà de son engagement sur le plan sociopolitique, l’avocat et juriste est un « enseignant –chercheur chevronné » ayant dispensé des cours de droit un peu partout en Afrique francophone et en Confédération suisse.
Un « civiliste accompli » tel que décrit le Pr André Gaston Cabanis, historien du droit français et professeur émérite de l’Université de Toulouse, feu Guy Isidore Adjété Kouassigan après avoir enseigné les relations internationales à l’Ecole Nationale d’Administration à Lomé, a continué durant ses années d’exil. Des cours il en a dispensés notamment à Cotonou au Bénin, à Dakar au Sénégal puis à l’Institut Universitaire d’Etudes du Développement à Genève en terre suisse où il est décédé en mai 1981à l’âge de 47 ans.
Le dédicataire Guy Adjété Kouassigan est un « chercheur prolifique » qui passe pour être le « fondateur de l’étude du droit foncier africain ». N’a-t-il pas manifesté tout le long de son riche parcours professionnel, à la fois une passion et un intérêt pour le « droit du développement » ?
« L’homme et la terre. Droits fonciers coutumiers et droit de propriété en Afrique » (version publiée de la thèse de Guy Adjété Kouassigan, soutenue en 1962, mais aussi « Quelle est ma loi ? Tradition et modernisme dans le droit de la famille en Afrique noire francophone » entre autres, l’efficiente apport de l’avocat et chercheur dans la démarche une réforme plus ou moins appropriée du conflit foncier notamment en Afrique francophone.
A part les questions politiques qui sources d’instabilité en Afrique ; le litige foncier qui est un différend mettant aux prises deux ou plusieurs parties sur la propriété, les premiers occupants du lieu, son utilisation en est autre. Un conflit dû au bornage, les droits de passage, l’indivision. On peut en toute logique y ajouter les divergences dues au legs…. « La famille étendue se désintègre et l’esprit communautaire s’amenuise, favorisant la constitution de patrimoines individuels ».
La terre, comme un legs ou un héritage laissé par les devanciers à leur progéniture, suscite de l’incompréhension entre parents, fratrie utérine ou consanguine. En découle, une transformation des liens et rapports entre les familles. On assiste pour ainsi dire à une désintégration du tissu social. Des pertes en vie humaine sont souvent et par ci, par là, enregistrées.
Komi Eustache Laklé ( Don Stash), artiste musicien –chanteur et peintre togolais, a porté un regard critique sur le problème. « Tovi Novi » est le titre de la chanson qui l’a conduit à s’interroger sur un bien commun, un legs qui, au lieu de réunir les ayant droits, les contraint à se parler sans s’écouter, parfois à s’entretuer.
Dédié à feu Me Guy Isidore Adjété Kouassigan, avocat, enseignant –chercheur et auteur, ce Liber Amicorum rend hommage à un universitaire engagé et passionné qui a exploré le droit sous de multiples. Le colloque académique prévu à l’auditorium de l’Université de Lomé, verra la participation d’avocats et de juristes togolais et étrangers. « Que reste-t-il de la propriété foncière de nos ancêtres avec le Code foncier et domanial de 2018 ? suivie de « Propos iconoclastes sur le foncier au Togo » sont les deux communications qui seront respectivement animées par les Professeurs Komlan Alemawo et Akodah Ayewouadan.
Avant la remise du Liber Amicorum par le Président de l’Université de Lomé et le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Togo ; les participants auront droit à deux autres communications « Guy Adjété Kouassigan, l’homme de son temps » par Me Robert Dossou, avocat au Barreau de Cotonou, ancien ministre et ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin et « Avant tout propos : Kouassigan, un don d’Isis » par Le Pr Joseph Fifamin Djogbénou, avocat, ancien ministre et directeur du Centre de recherche et d’étude en droit et institutions judiciaires en Afrique
(CREDIJ). © Ekoué Satchivi